La Russie

Un pays aux milles visages

   
   
 
 

 20 ans en Russie :

(Vidéo a gauche, date : 2008) Portrait de jeunes moscovites et d'une partie de la société russe.
Portrait de jeunes en Russie réaliser par deux français Evangeline MASSON et Patricio DIEZ qui ont parcourut d'est en ouest la Russie récit particulièrement captivant. Une année sur les routes de l’Est, entre le Caucase, l’Asie Centrale, les pays Baltes, le Transsibérien, l’Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie. Un site qui vaut le détour notamment pour ses témoignages. --->

Le site 15 ans 15 pays : (un site a voir absolument ).

Récit de voyage, des frontières de l’Europe au coeur de l’Asie centrale. Evangeline Masson, 25 ans en 2006, a passé une année dans les quinze républiques de l’ancienne Union soviétique, à la rencontre de témoins de sa génération, petits-enfants de Lénine et du capitalisme. Avec Patricio Diez, elle parcourt le grand Est en train et en car avec l’enthousiasme de sa jeunesse, en portant un regard bienveillant et lucide sur ces peuples aux repères bouleversés. Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan, Kazakhstan, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Biélorussie, Ukraine et Moldavie : 15 ans après l’éclatement de l’URSS, voici un portrait vivant de nos voisins de l’Est.

Portrait de femmes : http://www.15ans15pays.com/article.php3?id_article=118

http://www.15ans15pays.com/article.php3?id_article=269

La Russie c'est aussi ces jeunes !!!!!

 

 Portraits :

 

 

 Zinaïda, 24 ans, thésarde en ethnologie, Saint Pétersbourg (Russie)

Zinaïda aurait pu être écrivain mais cette jeune fille a préféré faire une thèse d’ethnologie sur le détournement des objets quotidiens. Pourtant, partager un café avec elle c’est comme tourner les pages d’un livre qui conterait le quotidien des jeunes aujourd’hui en Russie. Zina, comme les gens l’appellent, est une passionnée d’histoire et d’ethnologie, tout est prétexte à une étude de mœurs.

 

Rapidement, on écoute sa voix passionnée nommer les différences qui existent dans son pays entre la jeune génération qui a rapidement trouvé sa place aux lendemains de l’implosion de l’URSS et la génération de ses parents qui ne sait plus quoi croire. Ainsi, aux yeux de cette jeune femme dynamique, les femmes russes ont reçu leurs droits avant même de les vouloir. Après la révolution de 1917, la femme soviétique devait être libre et travailleuse. Pour cela, l’accès au divorce et à l’avortement a été facilité. La femme devait être respectée comme une ouvrière avant d’être une femme. « Les droits des femmes c’était un programme de l’Etat et non pas une conséquence de la volonté des femmes. » Alors que les plus âgés aspirent à un retour aux traditions et à l’Eglise, les jeunes eux profitent de ces acquis comme si c’étaient les leurs et même si l’avortement diminue, il est usage courant pour les jeunes femmes. Pourtant, étrangement, aux yeux de cette jeune ethnologue, l’Eglise est à la mode chez les jeunes, comme la féminité exacerbée. « Sous l’Union Soviétique, les gens, et surtout les femmes, ont gardé leurs traditions au fond d’eux »

En 1990, la majorité des jeunes a eu la possibilité de commencer à faire du business, expression obscure dont les Russes raffolent pour nommer tout ce qui touche, de près ou de loin au commerce. Les plus de 40 ans de leur côté sont restés à la traîne. Le mari de Zina, surnommé Stas, de 9 ans son aîné était de cette génération qui avait le choix, mais a préféré ses études de sciences à celles d’économie qu’il suivait en parallèle. « A l’image de son père il voulait faire quelque chose de ses mains plutôt que de juste gagner de l’argent. Aujourd’hui, il regrette surtout lorsqu’il voit tous ses amis qui ont choisi de faire du business ou qui travaillent en banque et qui ont très bien réussi. » Sans accuser personne, Zina nomme les problèmes « les grands maîtres sont morts et il n’y a pas de renouvellement car les jeunes préfèrent faire du business. Etre professeur, médecin ou chercheur ça ne paie pas assez. » Son mari l’a compris trop tard. Pour les plus de 50 ans prendre le train du libéralisme est plus difficile. Heureusement que l’entraide existe en Russie, on donne beaucoup aux mendiants comme à sa famille. « Il n’y a pas de véritable conflit de générations car la majorité des parents profite de l’aide de leurs enfants et de leurs réussites financières. »

Au-delà de la difficulté d’être jeune « dans tous les pays et à toutes les époques », comme le précise la jeune chercheuse, les jeunes Russes n’auraient pas plus confiance en leur avenir qu’en leur gouvernement. La situation est pourtant légèrement différente en province, « là-bas les gens ont plus confiance, car ils préfèrent une situation simple, peut-être totalitaire, mais stable. On observe le même phénomène en Biélorussie, où les gens sont majoritairement contents car rassurés. » Ses mots nous touchent particulièrement après ce que nous avons pu observer au Turkménistan ou ailleurs. D’un coup, sa joyeuse voix se brise. D’un ton peiné, elle avoue tristement trouver les Russes passifs. « Ils sont fatigués des changements. Les jeunes sont devenus apolitiques et les vieux ne croient plus en grand-chose. Ceux qui croyaient en l’homme et en l’Etat social, en quelques jours on leur a dit que seul l’argent valait. Comment croire en quelque chose après cela ? » Malgré ces remarques, Zina n’avance aucune accusation. Les choses sont ainsi faites et trouver un responsable ou une explication ne semblerait servir à rien.

Assis à une terrasse de Saint Pétersbourg, nous écoutons Zina et comprenons enfin le paradoxe que nous tentions de nommer depuis quelques semaines. Cette jeune fille trouve les mots pour parler du dilemme qui structure tous les Russes, en particulier les jeunes. Comment se situer par rapport au passé soviétique du pays ? Elément fondateur d’un nationalisme bancal contemporain et regret de toute une société ainsi que de son dirigeant, l’Union Soviétique est synonyme autant de souffrances que de bonheurs pour les Russes. « J’ai du mal à me positionner car mon grand-père, du côté maternel, a été déporté, alors que du côté paternel, il était un grand officier militaire. Pourtant même mon grand-père paternel, officier en 1942 à Stalingrad, refusa de crier « Gloire à Staline » avant le combat. Comme beaucoup d’autres, il disait : « je ne me bats pas pour Staline mais pour ma femme et ma famille ». Dans beaucoup de familles russes, on retrouve le même schéma. Avec un sourire rieur, Zina précise que sa grand-mère n’a pas élevé ses enfants « dans la tradition soviétique comme vous pouvez le croire en France, mais dans la tradition russe. » L’ambiguïté est complexe, surtout pour des Occidentaux qui ne peuvent pas aussi aisément que les Russes dissocier Union Soviétique et système soviétique. Zina nous répète ce que l’on a si souvent entendu dire. Les Russes regrettent l’Union soviétique comme le pays de l’amitié des peuples, de l’égalité et de la valeur de l’homme et non pas le système soviétique avec ce qu’il comprenait de purges, de famines et de souffrance. « C’est dur de se construire une identité, sans pouvoir avoir de position précise sur le passé de son peuple et de sa famille, » conclut Zina.

Pour Vladimir Poutine, comme pour la majorité des Russes, l’implosion de l’Union Soviétique est « la plus grande catastrophe géopolitique du siècle. »

                   
                   

 

 

 
 
 
 
 

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