La Russie

Un pays aux milles visages

   
   
 
 

  L'informatique en russie :

 

C’est l’autre visage de l’économie russe. Dopée par l’afflux de pétrodollars grâce à la flambée du prix du baril, la Russie est aujourd’hui en plein boom. Mais son développement reste d’autant plus fragile que, faute de diversification industrielle, il demeure encore largement dépendant des revenus énergétiques. Le gaz et le pétrole représentent en effet aujourd’hui à eux seuls 55% des exportations du pays et 20% de son PIB. Par rapport à ces deux poids lourds, la high tech ressemble donc à une goutte d’eau dans la mare à l’or noir.

Selon les chiffres de l’association russe du secteur informatique, les exportations de produits de software ont par exemple à peine frôlé le milliard de dollar en 2008, mais ce total est bel et bien en hausse, il s’élevait à quelque 730 millions de dollars en 2004. Et en 2009 il devrait passer à 1,3 milliards de dollars soit près du double par rapport a 2004 !

(Vidéo de l'ouverture du centre de données à Samara, Russie)

 

 

Le marché russe de l’informatique en 2011:

l'éditeur russe le plus connu

Un marché jeune et dynamique (+ 20% en 2008), malgré une contraction de la demande en 2009 dans un contexte de crise conjugué à une parité de change défavorable (-13% en RUB et -43% en USD en 2009) :
-1/3 des parts du marché TIC en Russie
- un CA de l’ordre de 15 Mds EUR
Sur les premières 100 sociétés informatiques russes, la part des éditeurs représente à peine 20%, Kapersky faisant figure d’exception. Les 10 plus gros intégrateurs de systèmes (C-Boss, Croc, N-Vision, IBS, Lanit, Technoserv, etc) représentent environ 2/5ème de parts de marché en terme de CA.

 

un clavier russe

La Russie est par ailleurs déjà devenue un pays d’outsourcing dans l’informatique. Même si la mauvaise protection des droits de propriété reste un problème (les lois existent mais ne sont pas toujours appliquées...), plusieurs groupes internationaux ont déjà confié une partie de la préparation de leurs programmes à des firmes russes. C’est le cas notamment de Boeing qui soustraite cette activité à IBS, l’entreprise russe phare en matière de software. "Ce boom de la high tech est logique", explique son patron, Anatoly Karachinsky, "Il suit celui de la consommation : comme l’économie toute entière est en pleine croissance, le secteur des services, et donc celui de l’informatique, doit s’adapter à cette demande accrue... ", se réjouit Anatoly Karachinsky qui, programmateur de profession, loue comme beaucoup d’autres le système de formation hérité de l’époque soviétique « De l’autre côté, il y a de plus en plus d’argent en Russie et les investisseurs veulent diversifier leurs placements. Du coup, ils viennent financer la high tech ! » Ce dynamisme se traduit donc aussi en terme financier. Afin d’attirer de nouveaux capitaux, IBS songe d’ailleurs à entrer en bourse. Il suivrait ainsi l’exemple de Sistema, autre groupe russe dans la high tech, dont l’IPO en 2007 à été la plus grande introduction boursière de l’histoire russe.

 

 

  L'industrie informatique russe

Une tendance de l'informatique russe qui semble se dessiner c'est l'orientation vers les technologies alternatives, système d'exploitation, moteur de recherche, réseaux sociaux, le moins que l'on puisse dire c'est que le paysage informatique russe ne ressemble pas vraiment a celui de l'occident.

La Russie pourrait se tourner vers Linux :

Ainsi le gouvernement russe serait d'ailleurs en train de financer la création d'un système d'exploitation national dérivé de Linux. Le gouvernement russe, dirigé par le président Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine, cherche à promouvoir la création d'un système d'exploitation national qui serait disponible gratuitement aux Russes afin de réduire leur dépendance aux logiciels développés aux États-Unis. L'idée de créer ce système d'exploitation national provient d'un comité constitué de plusieurs firmes informatiques russes, il a rencontré des échos très favorable de Dmitri Medvedev, qui se serait montré très réceptif au projet.

Selon certaine source la base de ce systéme serait ALT Linux une distribution GNU/Linux russe, basée sur le système de paquets RPM et issue à l'origine de Mandrake (aujourd'hui Mandriva). Peu connue hors de la Fédération de Russie, c'est cette distribution qui a été choisie en 2007 pour équiper avec GNU/Linux, en collaboration avec d'autres entreprises russes au sein du projet Armada, les écoles de trois régions de la Fédération de Russie - la république du Tatarstan, le krai de Perm et l'oblast de Tomsk - soit 1000 écoles au total. Mille autres écoles russes ont également déployé cette solution.

Le projet, baptisé « programme de plate-forme national », aura la plus haute priorité à la modernisation de l’économie russe selon le magazine Vedomosti. Il sera développé avec la participation de 130 compagnies du pays et sera dirigé par le groupe Sirius. Les coûts de développement s'estiment à 88 milliards de roubles (soit environ 2,2 milliards d’euros). Malgré ce coût énorme, la direction du projet affirme que seulement 10% du code sera nouveau. Le système sera gratuit. La communauté est très enthousiaste à l'idée de tester le nouvel OS. La première version de l’OS, selon les estimations du gouvernement russe sera disponible d’ici la fin de cette année 2011.

 

Cette politique ne fait évidement pas les affaires de Microsoft, selon le dirigeant de la division russe de Microsoft, le gouvernement russe ne devrait pas promouvoir la création d'un système d'exploitation national, mais plutôt s'assurer que les logiciels existants - dont ceux de Microsoft - soient bien implantés dans tout le pays. C'est ainsi que les infrastructures informatiques russes pourront bien se développer, estime-t-il. Le gouvernement russe serait par ailleurs en train de tester le système d'exploitation Linux dans trois régions du pays. Mentionnons également que toutes les écoles russes devront utiliser Linux comme principal système d'exploitation d'ici la fin de l'année.

Microsoft le retour :

Microsoft a bien percu la menace que répresentait l'utilisation a une grande échelles de technologies alternatives, car récement le patron de Microsoft Russie, Nikolaï Prianichnikov ( avril 2010) a déclaré "la Russie comme un marché stratégique". La lutte contre le piratage fait également partie de sa priorité tout comme la promotion de ses propres technologies. " En trois ans, nous comptons former un million de personnes. Le deuxième axe est le soutien aux entreprises innovantes. Microsoft leur offre gratuitement des logiciels. Ce programme couvre déjà 1 000 sociétés russes. Le troisième axe est le centre technologique que nous avons ouvert à Moscou".

Y a-t-il une spécifité russe en informatique :

Cette situation est en partie due au fait que les géants de l’ Internet et de l'informatique ont longtemps négligé la Russie, rangée parmi les pays du tiers-monde. Ils s’imaginaient que si leurs sites étaient populaires chez eux, ils le seraient d’office sur le territoire de l’ex-bloc soviétique. Personne n’a pensé à positionner ses sites. Personne n’a pensé au contexte local. D’ailleurs, Twitter « ne parle toujours pas russe ». Et MySpace a fini par fermer son bureau de Moscou. De plus Le piratage en russie n'a certainement pas motivé les géants de la silicon valley.


  Skolkovo, la "Silicon Valley" russe

Skolkovo

IBM et Skolkovo signent un mémorandum de compréhension, Le futur centre d'innovation Skolkovo (Silicon Valley russe en gestation) sera le ballon d'essai de la nouvelle politique économique russe. Il favorisera la recherche dans la plupart des domaines technologiques (énergie, espace, biomédecine, informatique). Des groupes comme Microsoft, Boeing et Siemens ont déjà exprimé leur désir de participer à ce projet.

Le géant informatique américain IBM et la fondation russe Skolkovo ont signé en juin 2011 à Saint-Pétersbourg un mémorandum de coopération portant sur un projet de création d'un centre de recherche scientifique et de développement dans la Silicon Valley russe.
Signé par le président de la fondation Skolkovo Viktor Vekselberg, le directeur général d'IBM pour les marchés émergents Bruno Di Leo et le directeur général d'IBM en Russie Kirill Korniliev, le document définit les domaines de la coopération entre les parties, notamment les TIC, la biomédecine et l'énergie. " Le centre d'innovation Skolkovo serait incomplet si le nom d'IBM ne figurait pas sur la liste de ses partenaires. (…) Nous espérons que la coopération avec ce groupe nous permettra de résoudre en peu de temps les problèmes liés à la protection et la gestion rationnelle de la propriété intellectuelle", a annoncé M.Vekselberg lors de la cérémonie de signature.


  L’Internet russe se cherche une identité :

Internet fait partie intégrante de la vie de 45 millions de Russes. Un réel réseau russophone s’est établi sur la toile, le Runet. Il ne représente que 0,8 % du web mondial, une sorte de microcosme dans cet univers tentaculaire, qui, du fait d’un alphabet particulier, semble résister à l’envahisseur anglophone. « Nous devons faire tout notre possible pour créer des noms de domaines en cyrillique » déclarait Dmitri Medvedev, le 11 juin dernier, à l’occasion du Congrès annuel de la presse russe. « Il s’agit d’une question très sérieuse. Ce serait un symbole de l’importance de la langue russe et nous avons toutes les chances de réussir à appliquer une telle décision. » Une annonce qui témoigne du rôle grandissant du Web au sein de la société russe.

La Russie lance le premier nom de domaine en cyrillique :

La Russie a lancé ( en mai 2010) le premier nom de domaine de premier niveau en cyrillique au monde (.РФ, sigle de la Fédération de Russie en russe), a annoncé jeudi à Moscou Andreï Kolesnikov, directeur du Centre de coordination du domaine national RU. "Le premier nom de domaine en cyrillique au monde a vu le jour dans la nuit du 12 au 13 mai, les deux premiers sites utilisant le nouveau nom cyrillique sont президент.рф (president.rf) et правительство.рф (pravitelstvo.rf), les sites du président et du gouvernement russes", a indiqué M.Kolesnikov lors du premier forum sur la gestion d'Internet.

Aujourd’hui, la Russie, dont le nombre d’utilisateurs Internet a triplé en cinq ans, est le pays européen où la population connectée croît le plus rapidement : +23% en 2007 selon un sondage ComScore. Suite logique de cette croissance, le cyrillique, principal et peut-être unique dénominateur commun du Runet, voit lui aussi augmenter sa présence sur la Toile. En 2000, le journaliste et chercheur Eugene Gorny effectuait une re-cherche sur le moteur russophone Yandex : le terme guestbook donnait 77 891 réponses, et gostevaïa kniga tapée en russe 71 466. En 2004, la même recherche donnait 701 228 occurrences pour guestbook mais 7 680 090 pour son équivalent en russe…

Google a la traîne en Russie :

Cette tendance a notamment pour conséquence de freiner l’entrée des compagnies occidentales sur le marché russe. Ainsi Google, dont le succès général tient pourtant du conte de fée, arrive péniblement en troisième position derrière les moteurs de recherche Yandex et Rambler. Le retard que le géant mondial a pris dans son assimilation de la langue russe explique ce relatif échec. « Le système de Google comprenait le cyrillique, mais n’analysait pas la grammaire. Or, c’est l’analyse qui fait tout », explique Anton Nossik, un des « gourous » du web russe.
Les internautes se sont alors habitués à utiliser Yandex plutôt que l’opérateur américain. De cet usage, certaines pratiques sont devenues traditions : « A force d’aller tous les jours sur Yandex qui représente un véritable portail d’information, les Russes se sont accoutumés à chercher par catégorie. L’idée de démarrer sur une page blanche, comme avec Google, leur paraît saugrenue »

Yandex a l'assaut du monde :

Le principal moteur de recherche russe a lancé après deux années de travail une version alpha de son site destinée à l'international, selon Abondance.com. Une initiative qui préfigure sans doute du développement du moteur en dehors des frontières russe, où il se sent désormais à l'étroit. En effet, plus d'une recherche sur deux y est effectuée sur son site, contre une sur quatre pour Google. Yandex a généré un chiffre d'affaires de 206,8 millions d'euros en 2009, dont la quasi-totalité (86 %) a été générée à partir de son activité dans les liens sponsorisés.

Selon la compagnie LiveInternet, non seulement Yandex a conservé sa position en matière de recherche, mais il l’a en outre renforcée de 5,2%, à 64,1%. Pendant ce temps, Google reculait en Russie, passant de 21,5% à 1,9%. Les indicateurs financiers de Yandex sont très positifs. Le chiffre d’affaire de la compagnie est passé de 290 millions de dollars en 2009 à 416 millions en 2010. Et les rumeurs vont bon train selon lesquelles Yandex s’apprêterait à faire son entrée en bourse. Yandex a grandi côte à côte avec Runet, l’Internet russophone. Il est devenu la page de démarrage de bien des internautes leur porte d’accès vers la « toile mondiale ». Le fait que la part des recherches en anglais ne soit pas très importante en Russie a aussi joué son rôle.

 Le pays où Facebook et Google mordent la poussière

Google, Facebook, Twitter font craquer les internautes dans le monde entier. Sauf en Russie où « RuNet » possède ses propres codes. Les géants y ont raté leur entrée.

« Mais c’est impossible ! Comment se fait-il que Facebook ait si peu de succès en Russie ? ». Voilà ce qu’on a pu entendre au forum Communication on Top de Davos, qui s’est déroulé dans la foulée du Forum économique mondial. L’une des discussions les plus passionnées portait en effet sur les communications Internet et notamment sur l’expérience russe. Nombre d’experts étrangers de la publicité et du marketing ont découvert que les sites Internet les plus populaires dans les pays occidentaux occupaient des positions fort modestes dans un pays où « l’autre voie » de la Russie, invoquée comme un mantra par les conservateurs slavophiles russes, s’est pour une fois concrétisée. Le domaine de l’Internet est évidemment considéré comme un produit occidental.

En ce qui concerne les journaux intimes en ligne ou les blogs, tout est également différent en Russie. Le site Twitter, plébiscité dans le monde entier, n’a pu y rassembler pour le moment qu’entre 80 000 et 100 000 usagers. Avec 2 millions de blogs russes dont un million de blogs actifs, LiveJournal.com est désormais le principal hébergeur de blogs en Russie. Cette popularité est la cause et non la conséquence du fait qu’il a été racheté par la société russe SUP. Le Président Dmitri Medvedev a d’ailleurs suivi la tendance en ouvrant son blog sur LiveJournal. Et si l’on ajoute à cela les milliers de blogs d’adolescents sur LiveInternet et les groupes rassemblant des milliers de personnes sur Blogs.Mail.ru, il apparaît clairement que le secteur russe des blogs connaît une effervescence aussi exceptionnelle qu’indépendante. Même l’omniprésent Google n’a pu s’imposer en Russie. La première position est occupée de très loin par le moteur de recherche national Yandex. En effet, 80% des pages de démarrage en Russie sont réparties entre les moteurs de recherche Yandex et Rambler, ou encore le site de messagerie Mail.ru.

Y a-t-il une voie spécifiquement russe pour l’Internet ? Difficile à dire. Cette situation est en partie due au fait que les géants de l’ I nternet ont longtemps négligé la Russie, rangée parmi les pays du tiers-monde. Ils s’imaginaient que si leurs sites étaient populaires chez eux, ils le seraient d’office sur le territoire de l’ex-bloc soviétique. Personne n’a pensé à positionner ses sites. Personne n’a pensé au contexte local. D’ailleurs, Twitter « ne parle toujours pas russe ». Et MySpace a fini par fermer son bureau de Moscou.

Actuellement, le paysage Internet russe est le suivant. L’attention des internautes se partage essentiellement entre deux réseaux sociaux, Vkontakte et Odnoklassniki, lesquels comptent respectivement 75 millions et 45 millions d’utilisateurs. L’audience de ces sites est très fortement concentrée dans la tranche d’âge des 20 à 35 ans. Les plus jeunes internautes préfèrent le site Vkontakte et les plus âgés, Odnoklassniki. VKontakte (В Контакте en russe) est le site le plus visité en Ukraine et en Biélorussie, le deuxième site le plus populaire en Russie ainsi qu'au Kazakhstan.

   
http://vkontakte.ru/  
http://www.yandex.ru/  
http://www.rambler.ru/  

Facebook et Twitter le retour :

Au cours des 9 premiers mois de 2010, Facebook a réalisé cependant une percée colossale en Russie. Certains tendent à l’expliquer par le succès du film « The Social Network » (« Le réseau social »), que l’on peut considérer comme une publicité de deux heures pour Facebook. Vkontakte compte bien plus d’utilisateurs que Facebook (100 millions contre 5 millions), mais les habitués de ce dernier sont beaucoup plus actifs : le trafic sur facebook n’est inférieur que de 3,5 fois à celui sur Vkontakte. Enfin, les usagers russes de Facebook, plus branchés, sont mieux considérés par les annonceurs.

Les investisseurs russes manifestent également de l’intérêt pour la plate-forme de microblogs Twitter, qui connaît actuellement une croissance vigoureuse. Un état de fait largement lié à la participation personnelle du président de la Russie Dmitri Medvedev, devenu le plus célèbre usager russe de Tweeter. Dans l’entourage de Medvedev, il se dit que Twitter aide le président à contrôler de façon autonome l’opinion publique sur Internet, en lisant les messages que lui écrivent les internautes. Le président ne fait pas que lire : il répond. En décembre 2010, la célèbre bloggeuse Inna Smbatian a écrit sur Twitter qu’elle avait rêvé qu’elle dînait avec Dmitri Medvedev. Le président lui a répondu avec humour qu’il n’avait pas dîné, car il avait planché jusque tard dans la soirée sur son message à l’Assemblée fédérale.

 

 
 
 
 

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