La Russie

Un pays aux milles visages

   
   
 
 
moscou

  I. Situation du russe en france :

Un peu moins de 15 000 élèves apprennent le russe dans l’enseignement secondaire (public et privé), ce qui fait du russe la cinquième langue étudiée dans notre système éducatif. ( source : AVL, association des professeurs de langue, et AFR association francaise des russiants)

I. Enseignement secondaire :

Nombre d’élèves à la rentrée 2002 : Nombre d’élèves en 1987/1988 :
-Public : 12 000
-Privé : 1300
-Total : 13 300
- public : 24 274 élèves
- privé : 2489 élèves
- total : 26763 élèves

 

Soit une perte de la moitié des effectifs en 14 ans, entre 1988 ( 27 000 éleves) et 2002 ( 13 000 élèves), cependant ce chiffres est passé a 15 400 en 2004, on enregistre même une légère hausse. On ne peut que constater la désaffection réelle des jeunes Français dans le secondaire pour le russe. Le russe ne garde en réalité comme seuls points d’ancrage forts les bons établissements des centre-ville pour lesquels l’administration tolère les stratégies de contournement de la carte scolaire ainsi quelques autres établissements où la résistance opiniâtre du professeur de russe et le soutien du chef d’établissement permettent de sauver le poste de russe.

II. Enseignement supérieur :

L’AFR (association francaise des russiants) ne dispose pas de chiffres exacts, mais il est possible de tenter une approximation plausible. Le russe est enseigné dans 25 universités françaises : En région parisienne : Paris IV Sorbonne, INALCO viennent largement en tête, puis Paris X Nanterre, Paris VIII Saint-Denis, Paris I Panthéon Sorbonne, Paris II Panthéon Assas, Paris III Sorbonne nouvelle ; En province : Lille, Nancy, Strasbourg, Caen, Le Havre, Rennes, Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Clermont-Ferrand, Poitiers, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Nice, Aix-en-Provence.
On peut évaluer à 180-200 le nombre d’enseignants de russe dans le supérieur, toutes catégories confondues.
Quant au nombre d’étudiants, l’AFR ne dispose pas de chiffre précis mais on peut avancer raisonnablement la fourchette de 2000 - 2500 étudiants toutes filières confondues. Donc 200 professeurs pour 2000/2500 étudiants environ.

 III. Enseignants en chiffres :

1986/1987 : 487 dans le public + une quarantaine dans le privé : 530
1996/1997 : 390 dans le public + privé stable : 430
2002/2003 : 314 dans le public + 35 environ dans le privé = total : 350
Donc en 2002/2003 350 professeurs pour 13 300 élèves dans l’enseignement secondaire public et privé.

Le corps enseignant :

Le russe est enseigné par près de 350 professeurs (agrégés, certifiés et contractuels). Leur moyenne d’âge est de 53 ans, un tiers d’entre eux a plus de 55 ans, plus des deux tiers a plus de 50 ans. La moitié des professeurs de russe va partir à la retraite dans les cinq ans qui viennent. La décision prise, à partir de la session 2005, de n’ouvrir les concours de recrutement CAPES et Agrégation que tous les deux ans, interdit d’assurer la relève. Plusieurs académies ne possèdent aucune réserve et ne seront pas en mesure de faire face aux départs en retraite des prochaines années. Des classes de russe parfaitement « viables » se retrouvent et vont se retrouver de plus en plus sans professeurs.

Un Constat inquiétant :

De ce bref tableau se dégage sans peine une évidence : en France, l’enseignement du russe tend à disparaître de l’enseignement secondaire et se consolide légèrement dans l’enseignement supérieur. (En gros seul les élites apprennent le russe). Le problème le plus préoccupant est celui des enseignants dont la relève n'est pas assurés, c'est un problème particulièrement préoccupant. L'association AFR ( ASSOCIATION FRANCAISE DES RUSSISANTS) a d'ailleurs adressée à Monsieur Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale (remise le 8 octobre 2007), sur la situation du russe en France.

La situation est radicalement différente dans le secondaire et dans les universités : Dans les universités, le russe se maintient voire progresse, mais l’afflux d’étudiants de Russie, Bélarus, Ukraine, Moldavie, Estonie, Lituanie, Lettonie, ainsi que des Etats d’Asie centrale, d’Europe centrale et orientale, contribue pour une bonne part à ce maintien. Dans les collèges et lycées, la chute brutale est enrayée, on constate une relative stabilisation depuis 2002 mais à un niveau extrêmement bas, moins de 1% des élèves. D’autre part, le russe continue à être victime d’une lente érosion : chaque rentrée scolaire voit des classes ou des postes supprimés. Les causes de l’effondrement du russe dans le secondaire :
  • la réputation de langue difficile (même chose pour l’allemand), les élèves ayant de plus en plus tendance à choisir la facilité supposée, donc l’espagnol.
  • Elèves et parents ne voient pas toujours l’intérêt de l’apprentissage du russe en terme de carrière professionnelle.
  • Les petites disciplines gênent les administrations des lycées dans l’établissement des emplois du temps.
  • Les impératifs budgétaires nationaux : en dessous d’un certain nombre d’élèves par classe, le maintien de l’enseignement est injustifiable sur le plan budgétaire.
  • L’image brouillée, voire inquiétante, de la Russie, véhiculée par les mass-média : crise économique et sociale, misère, alcoolisme, banditisme, insécurité, dérapages anti-démocratiques sont les thèmes qui reviennent le plus souvent et ils finissent par marquer les consciences. Cependant, en terme d’image, il convient de noter que la Russie n’est pas l’Allemagne, qui laisse totalement indifférents la plupart des jeunes Français ; la Russie et le russe continuent d’intriguer : éveiller la curiosité, susciter l’intérêt d’une petite partie des jeunes à leur endroit reste possible. A contrario, la preuve en est apportée par l’impact très positif d’un séjour en Russie : les élèves français qui sont reçus dans les familles et écoles russes reviennent enchantés de leur voyage et leur opinion sur la Russie et les Russes a complètement changé.

Nota : Ce déficit en ne touche pas seulement l'enseignement car même les services de traduction a l'ONU ont de plus en plus de problème a recruté des personnes compétentes. Les services de traduction et d’interprétation de l’ONU déplorent aussi le manque d’interprètes à l’ONU et appellent de leurs voeux une politique de soutien et d’encouragement de l’enseignement du russe dans le Secondaire.

 Une langue dont l'impact est grandement sous-estimé :

Ainsi selon l'AFR cette évolution et les mesures prises par le ministère de l'éducation en 2005 sont en contradiction criante avec plusieurs facteurs objectifs :

  • La langue russe, avec environ 200 millions de russophones, est la première langue parlée en Europe et l’une des grandes langues du monde. Elle fait partie des six langues officielles de l’ONU et des trois langues de travail de l’ONU avec l’anglais et l’espagnol.

  • Elle occupe la quatrième position dans le classement des langues étrangères les plus utilisées à l’export par les PMI européennes, devant l’espagnol. La connaissance du russe est non seulement utile en affaires en Russie même, dans les Etats voisins issus de l’éclatement de l’URSS, mais aussi dans les pays d’Europe orientale.

  • 700 entreprises françaises sont implantées en Russie et dans les pays voisins : leurs patrons et cadres expatriés ont besoin de connaître le russe pour conduire leurs affaires et les faire prospérer. L’anglais ne suffit pas.

  • En outre, la plupart de ces entreprises expliquent avoir rencontré des difficultés d’ordre culturel : connaître la langue étrangère ne suffit pas. Il faut aussi connaître la culture du pays d’accueil, sa mentalité, ses valeurs, son mode de pensée et de fonctionnement. Les relations culturelles, institutionnelles, scientifiques et personnelles se développent entre la France et la Russie. De plus en plus de touristes russes visitent notre pays et l’hôtellerie, la restauration, le commerce ont de plus en plus besoin de personnel connaissant le russe. L’UNESCO, de grandes institutions internationales manquent d’ores et déjà d’interprètes français-russe.

  • La Russie connaît depuis fin 1999 un redressement économique et social continu et important. Elle travaille à retrouver son statut de grande puissance sur la scène internationale, ce dont témoignent ses récentes initiatives officielles dans plusieurs domaines : politique énergétique, investissements russes dans de grands groupes occidentaux, vols de super-bombardiers stratégiques, explosion réussie d’une nouvelle bombe de très grande puissance, politique d’alliances régionales, etc. Il est de l’intérêt de la France de disposer de spécialistes capables d’assurer une « veille » permanente et indépendante de l’évolution de la politique internationale et intérieure de la Russie. En effet, un pays comme la France ne peut en la matière s’en remettre à la vision proposée par les Etats-Unis d’Amérique, dont les intérêts stratégiques ne coïncident pas forcément avec les siens. Cette tâche nécessite impérativement la connaissance du russe.

  • Enfin, la connaissance d’une grande culture qui a marqué profondément l’histoire de l’Europe ne peut être qu’enrichissante pour les jeunes Français. La langue russe est très formatrice pour l’esprit et le monde russe peut les faire rêver.

Le russe comme langue des échanges internationaux :

Télécharger ce(s) document(s) :

elan_fr :
Incidences du manque de compétences linguistiques des entreprises sur l’économie européenne (ELAN), Un nouveau cadre stratégique pour le multilinguisme Commission européenne, 2005.

L’étude ELAN (acronyme anglais pour Incidences du manque de compétences linguistiques des entreprises sur l’économie européenne) a été commandée par la direction générale Éducation et Culture de la Commission européenne en décembre 2005. L’étude ELAN démontre que le russe est non seulement une langue de culture, mais aussi une des principales langues de communication dans les échanges internationaux.

L’étude met en évidence l’existence d’un rapport direct entre langues et bons résultats à l’exportation. Plus précisément, elle distingue à cet égard quatre mesures de « gestion linguistique » : adoption d’une stratégie de communication multilingue, recrutement de locuteurs natifs, recrutement de personnel possédant des compétences linguistiques et recours à des traducteurs et à des interprètes. Chaque PME du secteur de l’exportation pourrait engranger des profits plus que substantiels si elle appliquait une ou plusieurs de ces mesures.

• Si l’anglais ouvre la porte des marchés de l’exportation, les résultats de l’étude donnent à penser que l’idée très répandue selon laquelle l’anglais est la langue universelle pèche par simplisme et que le tableau est bien plus complexe : le russe est très utilisé en Europe de l’Est (avec l’allemand et le polonais), le français est la langue des négociations commerciales en Afrique, et il en va de même pour l’espagnol en Amérique latine. Quant aux partenariats commerciaux à plus long terme, ils dépendent de l’instauration de relations et de la gestion de celles-ci, deux démarches qui exigent une connaissance de la culture et de la langue de l’« autre » pays.

« Selon les dernières données officielles publiées par le ministère russe des communications, le nombre d’internautes devrait croître de plus de 30 % en Russie cette année [année 2008], pour atteindre 46 millions d’utilisateurs, contre 35 millions fin 2007. Des chiffres auxquels s’ajoutent autant d’utilisateurs russophones au sein de la diaspora et dans les régions limitrophes de la Russie (Ukraine, Pays baltes, etc.), ce qui place la langue russe parmi les dix langues les plus importantes sur Internet en nombre de locuteurs, à égalité avec l’arabe et le portugais. »

 

  Le Russe en france :

( Propos tenu par Patrice Gélard, président du groupe France-Russie au Sénat )

Comment se porte l’enseignement du russe en France ?

P.G. : La situation actuelle est dramatique. On court vers un manque cruel d’enseignants de la langue russe, et la politique du ministère de l’éducation nationale ne fait qu’aggraver les choses. Depuis deux ans, il n’y a pas de poste de professeur de russe ouvert, dans aucun des deux concours permettant de recruter des professeurs de langues. En province, l’enseignement du russe est en train de disparaître… au profit du chinois. Pourtant, les élèves ne parleront pas chinois : ils auront, au mieux, quelques notions. Alors qu’après huit ans de russe, on parle russe ! Les Russes font des efforts pour enseigner le français, pourquoi n’en faisons-nous pas autant ? J’ai un vieux rêve : celui de créer un lycée russe en France et un lycée français en Russie, avec un double diplôme. L’idéal serait d’arriver au bilinguisme total, y compris en maths, en physique ou en chimie, ce qui est loin d’être évident. Le système fonctionne déjà entre la France et l’Allemagne. Peut-être parviendra-t-on à persuader les entreprises russes et françaises de supporter une partie du coût ?

On annonce l’« Année croisée » France-Russie pour 2010. Pourtant, beaucoup de professionnels se plaignent du manque d’organisation et de la difficulté d’accéder aux financements…

P.G. : Il faut que ce soit un grand événement : on ne doit pas se limiter à une exposition aux Galeries Lafayette. Ce qu’il manque, c’est un chef d’orchestre. Tiens, qui est-ce qui pilote ? [il s’adresse à son assistante] Oh ! On va écrire à Sarko, tout simplement ! Il faut qu’il désigne un chef d’orchestre. Un ministre, probablement… Il y a tellement de choses à faire.


 

 
 
 
 

 © Copyright 2010, Miki - Designed Miki